Tot passa y tot queda

L’intimité géographique et les sensations d’un territoire sont au coeur de mes recherches. Depuis une dizaine d’années je concentre une partie de mes explorations sur une petite péninsule au nord est de la province de Gérone en Catalogne. Entre le golfe du Lion et le golfe de Roses, tombe abruptement sur la meditérranée le cap de Creus. C’est l’extrémité la plus à l’est de toute la chaine de montagne pyrénéenne qui s’enfonce ici dans la mer. Pointe isolée, au caractère très insulaire, cette zone est une limite entre le septentrional et le méridional, entre le littoral et le montagneux. C’est un territoire très particulier où les roches formées il y a des millions d’années se sont modifiées au fil du temps par les fortes pressions de la mer et du vent. Une partie de l’année j’habite ces paysages. Ils me sont tout à la fois familiers et étrangers. Je les découvre, les reconnais, les aime et les documente. Je sillonne un périmètre qui part de la frontière jusqu’au sud du golfe de Roses. Le cap de creus devient le point central de la zone à partir de laquelle je gravite des bords jusqu’à l’intérieur des terres. 

Je documente ce travail par chapitres dans lesquels se développe à chaque fois une narration différente. Le premier est construit à partir de la géographie de la crique de Cau del llop. Elle signifie en catalan le trou du loup. J’y ai raconté l’histoire d’une immersion, d’une plongée dans les profondeurs. Mes intentions étaient de travailler sur les désirs et les peurs imaginaires d’une immersion en mer, et le trouble ressenti entre la surface et les profondeurs. Dans ce deuxième chapitre, je reste à la surface pour chercher la présence de la mer dans les terres. Je souhaite documenter ce qui nous lie à elle au delà de la vue. Ce qu’elle fait à nos corps, jusqu’où elle s’infiltre par delà les côtes jusque dans nos imaginaires. Je l’aborde pour le moment sous un angle inquiétant et étrange où plannent des présences presque fantomatiques dans ces éléments. Je voudrais faire exister les tensions paradoxales que me procure ce territoire, tout à la fois hostile et menaçant, mystérieux et habité, intime et sécurisant. Les photographies que je présente ici sont en cours de réalisation sur ces intentions de recherches. 



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